Youssef Badr

« Quand je dis que je suis un miraculé, c’est littéralement ça ».

L’histoire de Youssef Badr, magistrat, met en lumière un constat accablant : la promesse d’égalité des chances est une illusion dans notre pays.

Fils d’une mère femme de ménage et d’un père ouvrier venu du Maroc, Youssef grandit en banlieue parisienne.

Dès le départ, le système scolaire ne croit pas en lui. Il n’a pas le réseau ; on ne lui propose pas de stage ; on ne l’attend pas là où il veut être.

Malgré ces obstacles, il a été porte-parole du ministère de la Justice avant de devenir magistrat et premier vice-président adjoint au tribunal judiciaire de Bobigny.

La réussite de Youssef n’est pas seulement une trajectoire individuelle exceptionnelle : c’est un signal d’alarme.

Il a réussi après avoir fait face à un nombre incalculable d’obstacles, c’est en cela qu’il parle de miracle.

Combien d’autres n’ont pas pu aller au bout de leurs études ou de leur rêve professionnel en raison des discriminations liées à leur origine, nom ou couleur de peau ?

C’est tout cela que le quarantenaire revisite et questionne dans son ouvrage « Pour une justice aux 1000 visages. Le mythe français de l’égalité des chances », publié en septembre dernier (Editions de l’Aube).

En 2021, Youssef fonde La Courte Échelle, association de mentorat qui connecte étudiant•es en droit – souvent issus de milieux modestes ou des minorités invisibles -, avec des professionnels du droit pour trouver un stage, un réseau, un soutien en vue de préparer les concours de la fonction publique.

Aujourd’hui, ce sont des centaines d’étudiants qui frappent à cette porte parce que le monde du droit reste verrouillé. Le rêve de Youssef : fermer l’association parce que plus aucun•e étudiant•e n’aura besoin de cette main tendue.