Ana Orantes

Son courage et sa mort révoltante auront été un déclic pour que l’Espagne devienne un pays à la pointe du combat contre les violences faites aux femmes.

Ana Orantes, 60 ans, a raconté sur une chaîne de télévision les violences que lui a fait subir son mari pendant leurs 40 ans de mariage. Nous sommes à la fin de l’année 1997.

Ana et ses enfants subissent pendant toutes ces années l’extrême brutalité de cet homme. Elle ne trouvera de soutien nulle part. Ni la famille, ni les amis.

Pendant toutes ces années, Ana se tourne plusieurs fois vers la justice, sans succès. Elle a déposé 15 plaintes, qui n’aboutissent pas.

Elle tente plusieurs fois de se séparer de lui, sans succès, jusqu’en 1996 où elle obtient enfin le divorce.

Violences psychologiques, physiques, sexuelles… Elle aura tout subi pendant son mariage.

Et elle le raconte en détail avec force et détermination ce 4 décembre 1997 à la télévision.

13 jours plus tard son ex mari la tuait en la brûlant vive.

L’Espagne est bouleversée. La prise de conscience face aux violences conjugales est réelle. Le pays veut changer.

Les évolutions législatives vont se succéder au fil des années :

formation des professionnels de santé, des policiers, des magistrats, pour qu’ils puissent détecter très rapidement le niveau de danger d’une situation.

Les partenaires ou ex-conjoints violents reçoivent un bracelet électronique pour les empêcher d’approcher leurs victimes.

Sont également érigées en priorités la protection des enfants des victimes, la lutte globale pour l’égalité et contre le sexisme, la communication sur les moyens d’appeler à l’aide…

L’Espagne a réussi à faire diminuer de plus d’un tiers le nombre annuel de féminicides conjugaux.

De nombreuses villes ont par ailleurs honoré Ana Orantes en donnant son nom à une rue, une place ou un parc.

Il faut en effet se rappeler d’Ana et de son immense courage.